Ces Miss rattrapées par leur passé

Miss France, malgré des photos osées, a pu finalement garder son titre. Mais de tels scandales ne risquent-ils pas de se multiplier à l'avenir? Les candidates ont souvent déjà fait des essais dans le mannequinat ou la mode et Internet facilite l'accès aux photos. Cette année, l'élection de Miss Suisse n'a pas été épargnée

Bertrand Monnard - 29/12/2007
Le Matin Dimanche



Finalement, pour éviter un plus grand scandale, politique notamment, Valérie Bègue a donc pu conserver son titre de Miss France, malgré la publication par Entrevue de photos osées. «C'est pour moi le plus beau des cadeaux pour l'année qui s'engage» déclarait la Réunionnaise vendredi après la décision. Geneviève de Fontenay, la patronne des Miss, si furibarde un moment, a sagement enterré la hache de guerre. «L'honneur est sauf, nous sortons d'une situation devenue intenable».

Déjà très touchée par l'épidémie de chikungunya, toute la Réunion s'était mobilisée pour sa Miss, menacée de perdre son titre. «Elle vient de la Réunion, elle n'a qu'à rester là-bas» avait déclaré la patronne aux chapeaux, toujours aussi délicate. Pierre Verges, patron du tourisme local, avait dénoncé une «France gardant des principes d'un autre temps». Révélateur.

En renonçant à désigner une autre élue, la Société de Miss France a peut-être eu peur de la menace que faisait planer Entrevue. Dans ses tiroirs, le magazine, toujours prêt à dégainer, jurait posséder des photos tout aussi osées des trois quarts des candidates. Ce que nous confirme au téléphone Marie-Laurence Vieillard, directrice de la rédaction.

«Oui, c'est exact. Et ce n'est pas étonnant. Depuis Loft Story notamment, devenir connu est devenu une priorité pour toute une génération. Avant d'être candidates, une bonne partie de ces jolies jeunes filles ont fait des essais dans le mannequinat. On leur a forcement demander de se dénuder un peu. Internet aujourd'hui facilite grandement les recherches. Et puis on nous envoie spontanément des photos. Montrer l'envers de la télé a toujours été notre fonds de commerce».

Question: le règlement de ces concours obligeant les candidates, en Suisse aussi, à certifier n'avoir «jamais fait de photos équivoques» n'est-il pas devenu obsolète? Les affaires style Miss France ne risquent-elles pas de se multiplier si ces concours s'entêtent à vendre l'image d'une fille modèle et d'un autre temps?

Directrice de Miss Suisse, Karina Berger n'est pas dupe. «Le sex-appeal est devenu de plus en plus un atout de nos jours. Il ne faut pas être borné. Les moeurs ont évolué».

Juste avant la dernière élection de Miss Suisse, l'ex-petit ami éconduit d'une candidate - la Saint-Galloise Pascale Gächter - avait envoyé au Blick des photos très osées de la belle. La candidate avait pris un avocat et le journal avait renoncé: les photos étaient d'ordre privé.

En revanche, le Blick n'avait pas hésité à publier des photos très lascives d'une autre candidate, l'Argovienne Nadine Koller, trouvées sur le portfolio en ligne d'un photographe de mode. «J'avais oublié l'existence de ces photos» s'était excusée la jolie Nadine, en jouant les vierges effarouchées. Le comité de Miss Suisse n'avait pas pris de sanctions. «Nous devons juger de cas en cas, poursuit Karina Berger. Il y avait du charme et rien d'autre dans les photos de Nadine. Ce que nous condamnons, c'est ce qui est sale ou choquant. Pour ces raisons-là, nous avions exclu en 2004 une candidate qui avait posé pour Max».

Interrogé sur le sujet, la Tessinoise Christa Rigozzi, Miss Suisse 2006, avait déclaré. «La Miss doit représenter l'image de la Suisse du moment, pas celle du passé. Tout est là».

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